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La version originale de ce blogue a été écrite par Aviva Dunsiger et publiée en anglais.

Au début du mois d’avril, j’ai lu un article passionnant sur le blog de Doug Peterson, où il partageait dix choses qu’il avait apprises du fait de COVID-19. L’article de Doug m’avait alors inspirée pour en écrire un moi-même. Comme le Coronavirus continue de sévir et puisque je passe toujours plus de temps à explorer cette réalité à travers le prisme de Self-Reg, j’ai décidé d’écrire un autre article sur ce que j’ai appris, en me concentrant cette fois-ci sur les 10 trouvailles Self-Reg que j’ai faites en raison de cette pandémie.

1. Pour moi, les activités physiques sont vraiment un moyen de réduire le stress. J’avais l’habitude de faire du vélo une demi-heure par jour environ, en grande partie parce que je savais que cet exercice était bon pour moi. Je n’aimais pas ça. Je n’avais pas très envie de le faire. Mais je le faisais ! Mais maintenant, je me surprends à guetter l’occasion de monter sur le vélo d’exercice. J’ai même commencé à me lever plus tôt, pour pouvoir faire un peu d’exercice avant notre rencontre du matin. Ça me calme. Ça m’aide à m’ancrer. Et c’est vraiment ce dont j’ai besoin. Maintenant, au lieu de me forcer à pédaler pendant 30 minutes, je fais facilement 80 minutes de vélo. Parfois même plus… Je n’aurais jamais considéré l’exercice comme une stratégie Self-Reg efficace pour moi, mais dans notre monde actuel, je compte beaucoup sur cette option.

2. Les pauses sont nécessaires. À l’école, j’ai l’impression de ne jamais arrêter. Je me retrouve souvent dans la classe pendant les pauses nutritionnelles (au moins une partie du temps) et même si je planifie et/ou prépare du matériel, ça me fait plaisir d’être là pour les enfants. Avant, je prenais une pause si j’en avais besoin mais je ne trouvais pas toujours ça nécessaire. Maintenant, je trouve que oui. J’ai besoin de m’éloigner de l’écran de l’ordinateur. J’ai besoin de me lever et de m’étirer. J’ai même besoin de quelques minutes sans regarder les courriels, ni répondre aux messages, ni afficher du travail, de sorte que quand je reviens à tout cela, c’est avec un regard neuf et un cerveau disponible. Au lieu de prendre des pauses par-ci, par-là pendant la semaine, je les planifie, je les programme et je veille à ce qu’elles aient lieu chaque jour.

3. J’ai besoin de mon propre jouet anti-stress. Je n’y avais jamais vraiment réfléchi auparavant, mais quand j’étais en classe, j’avais toujours mon iPad avec moi. Je passais mon temps à documenter la pensée et l’apprentissage. Les photos, les vidéos et les transcriptions de conversations constituaient en quelque sorte des moyens de distraction. Maintenant, pendant nos rencontres en ligne, je dois m’asseoir et écouter. C’est difficile pour moi. Je ressens souvent le besoin d’intervenir en disant quelque chose et je dois travailler consciemment sur mon temps d’attente. J’ai réalisé que j’avais besoin d’un jouet anti-stress pour m’aider dans cette tâche. Dessins aléatoires, découpages et notes diverses sont mes façons de gigoter.

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4. On a parfois trop recours aux médias sociaux. Je me rends compte maintenant que c’était le cas avant : je me servais souvent de Twitter ou Instagram pour décompresser. J’aimais surtout faire défiler les tweets, cliquer sur des articles et lire des points de vue différents. Aujourd’hui, Twitter a tendance à me stresser. Je suis submergée par toutes les nouvelles mauvaises ou effrayantes qui circulent, et par les théories concernant ce qu’elles impliquent pour nous. À présent, même quand je suis sur Twitter, je me contente de regarder mes mentions et les tweets de quelques personnes en particulier, plutôt que le flux de tweets. Ça semble être la meilleure solution pour ma santé mentale !

5. « Moi d’abord », c’est une bonne idée. Avant COVID-19, j’avais souvent tendance à considérer une situation dans son ensemble pour décider ce qu’il fallait faire et quand il fallait le faire. Quel impact cela pouvait-il avoir sur les enfants, les familles, les autres membres du personnel et moi-même ? Je veux aider les gens. Je veux être là pour les élèves. Je veux soutenir les familles. Ça n’a pas changé, mais cette pandémie m’a montré que moi aussi, je compte. Je le savais déjà dans une certaine mesure, mais avant, quand je passais une mauvaise journée ou une semaine difficile, j’essayais quand même de tenir bon. Mais je me suis rendu compte que pour pouvoir aider les autres, j’ai besoin d’être au mieux de ma forme. Par conséquent, si cela implique de lire certains courriels plus tard, de poster un enseignement ou répondre à une question à un autre moment, ce n’est pas grave. Je trouverai toujours le temps de faire tout cela. Et souvent, consacrer juste un instant de plus à la respiration peut faire toute la différence pour moi.

6. Les facteurs de stress social continuent d’exister en ligne. Je dois vraiment faire des efforts pour établir des liens avec les autres et, bien que ma relation avec ma partenaire d’enseignement Paula soit fantastique, je peux facilement rester dans le cocon de notre classe. C’est un endroit sûr et prévisible. Au début, je pensais qu’une classe en ligne rendrait le cocon encore plus facile. Mais j’ai vite réalisé que le besoin de se connecter en ligne avec d’autres éducateurs ainsi qu’avec les familles est peut-être encore plus essentiel qu’auparavant. Comment pouvons-nous commencer ces conversations ? Qu’est-ce que je vais dire ? Comment allons-nous résoudre les problèmes tout au long du parcours ? Nous avons maintenant recours à différentes plateformes et à de nouvelles méthodes, et les facteurs de stress que je croyais à tort voir disparaître ont en fait augmenté.

7. Je dois me souvenir de « Pourquoi ? » et « Pourquoi maintenant ? » Si je m’étais déjà posé ces deux grandes questions de Stuart Shanker auparavant, je me les pose certainement encore plus maintenant. Il y a beaucoup d’informations négatives qui circulent : contre les enseignants, contre les parents, contre les administrateurs et contre les décideurs politiques. Les opinions négatives varient selon le sujet de discussion, mais elles sont certainement plus nombreuses que les opinions positives. Il m’arrive de me mettre en colère, d’être triste et/ou frustrée en lisant ces réflexions, mais les questions « Pourquoi ? » et « Pourquoi maintenant ? » me calment. Elles m’aident à recadrer les points de vue et mes réponses.

8. Les comportements de stress se multiplient en ligne. Quand nous avons commencé à proposer une classe d’apprentissage en ligne, je pensais que le comportement pourrait s’améliorer. La plupart des enfants sont dans leur propre espace en ligne. Ils ne voient pas tout dans la classe et/ou n’entendent pas ce qui se passe à proximité ou dans le couloir. Mais en ligne, d’autres facteurs de stress entrent en jeu, comme les bruits dans la plupart des maisons, les frères et sœurs qui les distraient, ou encore la technologie qui peut être frustrante (couper et rétablir le son est parfois un défi). En ligne, il nous manque aussi la proximité qui existe dans la salle de classe, où le contact visuel, un léger toucher sur l’épaule ou même un câlin peuvent calmer et recentrer les enfants. Aujourd’hui, les activités interactives, avec des questions soigneusement planifiées pour encourager certains élèves à participer, n’ont jamais été aussi essentielles.

9. Dire « bonjour » suffit. Nous savons que les relations sont l’épine dorsale de Self-Reg et quand cette pandémie a commencé, nous étions en plein milieu de l’année scolaire. Les relations avec les enfants et les familles étaient déjà formées. Mais maintenant, tout le monde est à la maison, beaucoup de gens ont peur ou ne savent pas à quoi s’attendre et le stress semble être à son comble. Paula et moi entamons maintenant notre septième semaine de cours et rencontres quotidiennes en ligne, et la structure de notre approche a beaucoup changé au cours de ces sept semaines. Quand nous avons commencé à examiner ce qui marchait ou pas, nous avons réalisé quelque chose. Pour certains enfants, le simple fait de dire bonjour suffit. Nous avons des élèves qui assistent à nos rencontres tous les jours et qui ne semblent jamais faire ce que nous faisons. Mais ce n’est pas grave. Ils ne sont pas là pour l’enseignement et ils ne sont pas forcément là pour partager. Ils sont là pour le bruit de fond, la connexion avec leurs amis et leurs professeurs, et ce tout petit peu de normalité qui en résulte. Alors il se peut qu’ils s’occupent de leurs propres affaires, parfois même pendant une heure d’affilée, mais le simple fait de dire « bonjour » et « au revoir » suffit.

10. La routine est importante… peut-être même plus que jamais ! Nous savons que les enfants ont besoin de routine ; même nous les adultes, nous en avons besoin. Mais aujourd’hui, je pense que c’est la routine qui aide un si grand nombre d’enfants et de familles à se sentir plus calmes. Au cours des sept dernières semaines, notre rencontre en ligne a eu lieu chaque jour de 10h à 11h. Les enfants peuvent aller et venir à leur guise. Pendant la plupart de ces semaines, nous avons commencé la classe avec la chanson de l’Alphabet des Sons. Ce n’était pas tant pour réviser les lettres et les sons (même si ça peut être bénéfique pour ces deux éléments) que parce que cela faisait partie de la routine à laquelle ils étaient habitués à l’école. Nous nous sommes demandé si chanter la chanson ensemble pouvait aider à réduire le stress et à commencer notre apprentissage collectif d’une manière que les enfants connaissent. C’était intéressant, car nous avons réussi à amener quelques enfants à réactiver leur micro et chanter avec nous. Et presque tous les jours, les élèves qui voulaient participer étaient ceux qui chantent rarement en classe. Pourquoi ? Ces quelques minutes de normalité (de routine, de structure) seraient-elles ce dont ces enfants ont le plus besoin ?

Quelles leçons Self-Reg avez-vous acquises au cours de ces sept dernières semaines ? Alors que l’année scolaire se poursuit en ligne, je me demande ce que je vais encore apprendre pendant le prochain mois et quel impact cela aura sur la planification, la communication et les relations avec les enfants et les familles.

Aviva Dunsiger, facilitatrice de notre Communauté Co-Reg, publie un blogue Self-Reg depuis plusieurs années. Elle a enseigné de la maternelle à la 6e année et aime partager ses expériences d’enseignement et d’apprentissage. Elle blogue au niveau professionnel sur son propre site, Living Avivaloca.